ÉCOMUSÉE DE L’OCRE, ÔKHRA

Environnement de l’écomusée

L’écomusée de l’ocre est situé dans l’ancienne usine d’ocre Mathieu sur la commune de Roussillon, au sein du Parc naturel régional du Luberon, dans le département de Vaucluse et en Provence. Commune de 1 309 habitants en 2020, Roussillon fait partie de l’association des Plus Beaux Villages de France. Le village reçoit plus de 400 000 visiteurs par an et le sentier des ocres environ 350 000. L’ancienne usine d’ocre Mathieu appartient à la commune. Elle est située à 1,6 km du centre du village et du sentier.

Historique

UNE DYNASTIE D’INDUSTRIELS OCRIERS ROUSSILLONNAIS

En 1870 Joseph Mathieu, construit la plus grosse usine d’ocre de Roussillon qu’il transmet en 1893 à son petit-fils Camille Mathieu et à Léon Thomassin, son beau-frère. Camille Mathieu devient en 1901 administrateur de la Société des Ocres de France (SOF), après absorption de l’usine de Roussillon. Le fonds d’archives Mathieu-Thomassin (20 mètres linéaires) est unique pour retracer la vie de cette usine et des ocriers sur le dernier quart du XIXe siècle. Il quittera rapidement la SOF pour s’associer à Guillen et construire l’usine des Gaillanes. Le début du XXe siècle a été jalonné d’épreuves pour Camille Mathieu. Après le décès de sa première, puis 2 °   femme, il perd deux de ses trois fils à la guerre de 1914-1918.Le troisième, Ernest, revient gazé et tuberculeux et mourra en 1933.

L’usine Mathieu a été construite en 1921 par Camille Mathieu, ocrier et Maire de Roussillon de 1895 à 1940. En 1933, à la mort de son dernier fils, il en reprend la direction jusqu’à son décès à 78 ans en décembre 1940. L’usine suivra ensuite le déclin lié à la fin de l’épopée industrielle de l’ocre et la Sarl Mathieu sera dissoute en 1962. Les moulins d’ocres sont démontés en 1956 et les lavages se sont arrêtés en 1963, puis réutilisés au milieu des années 70. Le site laissé à l’abandon, va être racheté par la commune de Roussillon en 1990-1991.

1992, un premier projet de centre international de la couleur est conçu, puis abandonné, faute de financement. En 1993, Barbara et Mathieu Barrois, à la recherche d’un lieu pour y développer un projet économique et culturel, découvrent ce site. Après avoir rencontré, Jean David, Maire de Roussillon ; le Parc naturel régional du Luberon, la Société des Ocres de France, la commune de Gargas, l’École d’Avignon et des artisans ; ils décident de proposer à la commune de Roussillon un projet de valorisation des savoir-faire ocriers et des matériaux de la couleur sur ce site.

Une entreprise à vocation culturelle.

Le 13 juin 1994, l’association Ôkhra est créée avec la commune de Roussillon. Jean David, Maire de Roussillon en est le 1er président, auquel succèdera Mathieu Barrois. Dès son origine le projet de Conservatoire des ocres et de la couleur est fondé sur les savoir-faire et leur transmission. Mais pour être durable, la transmission d’un savoir-faire doit se faire au sein d’un marché économique. Le consommateur final est en capacité de demander une certaine prestation et d’inciter ainsi les professionnels à utiliser l’ocre. En 2004, Ôkhra se transforme en société coopérative d’intérêt collectif.

Le 30 septembre 2021, le conseil d’administration a élu Alex Berger, Président d’Ôkhra et nommé Mathieu Barrois, Directeur général. Alex Berger, roussillonnais depuis plusieurs décennies est à la fois producteur et concepteur de séries télévisées, ainsi que consultant et entrepreneur dans le domaine des médias et de la culture depuis plus de 40 ans. Le projet de Centre de la Couleur de Roussillon est, tout en valorisant les acquis d’Ôkhra, de proposer sur ce site de nouvelles offres culturelles, scientifiques, ludiques, pour en élargir le concept, le moderniser et en développer la fréquentation tout au long de l’année.

Un partenariat exemplaire.

1994, la commune de Roussillon et Ôkhra ont développé ensemble un projet original reconnu au niveau national. Créée par la commune de Roussillon et porteuse de deux projets, Ôkhra a été conçue comme un partenariat équilibré entre, d’une part, une collectivité réhabilitant son patrimoine et, d’autre part, des acteurs privés reçoivent un projet culturel générateur d’activité économique. C’est ainsi qu’Ôkhra a créé et développé :

  • en 1994 le Conservatoire des ocres et pigments appliqués sur le site de l’ancienne usine Mathieu et du vallon de Péquincan, devenu
  • en 2008, le Conservatoire des ocres et de la couleur et
  • en 2020 , l’Écomusée de l’ocre .

Une gestion en délégation de service public de la commune.

En 1998, signature de la 1 ère délégation de service public culturel et touristique par contrat d’affermage entre la commune et Ôkhra, pour une durée de 12 ans. L’objectif du projet était de ne pas peser financièrement sur le contribuable roussillonnais. Les coûts d’investissements sont à la charge de la commune, propriétaire du lieu et les coûts de fonctionnement sont à la charge d’Ôkhra, gestionnaire du site. Afin de proposer le partenariat initial sur le long terme avec la coopérative, un nouvel appel d’offre est lancé en 2007 et un nouveau contrat d’affermage, signé en novembre pour une durée de 20 ans de 2008 à 2027.

Du conservatoire à l’écomusée

De 1996 à 2019, Ôkhra s’est définie comme centre de formation aux métiers de la couleur. Le nom de conservatoire a été choisi dans l’esprit d’un conservatoire de musique, de danse ou de théâtre ; un lieu où la transmission des connaissances se fait par la pratique. En 2020, suite à la dernière réforme de la formation professionnelle pour adultes et aux nouvelles normes, il a été décidé de transformer le conservatoire des ocres et de la couleur en écomusée de l’ocre.

Les site et ses bâtiments

Le site communal, d’une superficie de 5 hectares est composé de deux parties principales :

  • 2 bâtiments abritant 3 moulins à ocres, un four, deux cabanons et un hangar en bois sur une surface de 1 hectare. Un bâtiment en bois de 64 m², donné par la SNCF a été installé en 1999.
  • 4 séries de lavages d’ocres sur 4 hectares, dont seule la 1ère série dans la partie supérieure est ouverte à la visite à ce jour. La 2e série de bassin sera ouverte au public en 2022.

En 1994, 3 moulins de l’usine Lamy d’Apt ont été récupérés par Ôkhra et réinstallés dans l’usine Mathieu de 1995 à 1999 :

  • Le moulin du Rouge , datant de 1925, est composé d’un concasseur, d’un broyeur à marteaux, d’un blutoir ou tamis et d’une presse à tonneaux. Il a été réinstallé en 1995 à l’usine Mathieu. L’ocre rouge stockée dans ce moulin a été calcinée dans le four de l’usine en 1996.
  • Le moulin du Jaune-Rouge , datant de 1963, est composé d’un concasseur, d’un broyeur à grille et d’une balance à mercure pour peser les sacs. Il a fonctionné jusqu’en 1989 à Apt et a été réinstallé en 1999 à l’usine Mathieu dans le bâtiment du Jaune.
  • Le moulin du Jaune , datant de 1925, est composé d’un concasseur, d’un broyeur à meules verticales, de 3 blutoirs ou tamis superposés et d’une presse à tonneaux. Il a été réinstallé en 1999 à l’usine Mathieu dans le bâtiment du Jaune sur 2 cases.

La Famille Mathieu utilisait ce site, appelé aussi Vallon de Péquincan, pour laver l’ocre depuis 1880. Dans les années 30 existait 4 aires de lavages. Une aire de lavage se compose d’une décharge de minerai, d’un malaxeur, d’un batardeau, d’un reposoir et d’un bassin de décantation. Tous ces éléments sont reliés entre eux par des canalisations souterraines ou aériennes.

L’écomusée c’est aussi…

Depuis 1994, Ôkhra récupère et conserve de nombreuses collections patrimoniales composées d’archives (famille Mathieu, Élie Blanc), d’objets (tonneaux, pièces détachées, moteurs, boites, pigments, véhicules, imprimerie, pochoirs, pots et flacons). Le fonds d’archives Mathieu-Thomassin sur l’usine de Roussillon (correspondance commerciale, échantillons, carnets d’ouvriers) et celui de Bernard Guineau sur les matériaux de la couleur (ouvrages depuis le XVIe siècle, pigments, liants, pots, archives et documents) sont exceptionnels et sont consultables sur place.

Depuis 1999, Ôkhra a publié plusieurs ouvrages sur l’histoire et les usages de l’ocre :

« Les ocres, de la belle marchandise… », 2 éditions depuis 1999 ;
« Ocres du Luberon », 2010 ;
« Petite anthologie de l’ocre », 4 éditions depuis 1999 ;
« Ocres & terres – recettes et applications », 5 éditions depuis 2016,
ainsi qu’une dizaine d’ouvrages pratiques rédigés par les intervenants de la formation. Enfin ôkhra a publié 4 livrets sur les couleurs et auto-édité les 18 actes des écoles scientifiques sur la couleur des matériaux de 1999 à 2019.

Récompenses et Labels

Depuis 1995, Ôkhra a reçu plus de 650 000 visiteurs dans l’ancienne usine Mathieu à Roussillon et formé plus de 10 000 stagiaires à l’usage des ocres et des couleurs. La coopérative Ôkhra a obtenu de nombreuses récompenses et des labels :

  • Prix régional et national d’initiative en économie sociale.
  • Fondation Crédit Coopératif (2005).
  • Prix ​​national Diderot de l’initiative culturelle en 2013 de l’AMCSTI (2013).
  • Label Destinations européennes d’excellence sur le thème du tourisme avec la CCPAL (2017).
  • Renouvellement du label Valeurs Parc naturel régional et géopartenaire (2018).
  • Label Entreprise Solidaire d’Utilité Sociale et renouvellement label Qualité Tourisme (2019).
Ôkhra a reçu le soutien pour son développement :

  • des collectivités et en premier lieu de la commune de Roussillon,
  • du Parc naturel régional du Luberon,
  • de la Communauté de Commune du Pays d’Apt-Luberon,
  • du département du Vaucluse,
  • de la Région Sud, toutes coopératrices.

    L’État à travers ses appels à projets (Pôle d’Économie du Patrimoine, Pôle d’Excellence Rural, Pôle Territorial de Coopération Economique) ou le FNADT a aussi gagné à la valorisation de ce site à travers le soutien à Ôkhra et à la commune de Roussillon, propriétaire du site.

Sur le plan économique, en 25 ans, plus de 22 millions d’euros sont venus irriguer le territoire avec 15 millions d’euros de chiffre d’affaires d’Ôkhra, hors subventions et 7,1 millions d’euros d’actions correspondantes le rôle d’Ôkhra a été déterminant (4,5 millions du Pôle d’Excellence Rural Couleurs Matières – Couleurs Lumières, 2 millions d’Arcano depuis 10 ans et 600 000 euros du Pôle Territorial de Coopération Economique Matières & Couleurs Luberon-Provence.

Sur le plan culturel, en 25 ans, 14 programmations culturelles, 18 écoles scientifiques sur la couleur des matériaux en partenariat avec le CNRS, 20 fonds de collection totalisant plus de 10 000 objets du XIXe et XXe siècles : archives, échantillons, machines, outils, pièces détachées, pigments et colorants, pochoirs. Une bibliothèque avec un fonds ancien d’ouvrages depuis le XVIe siècle.

La couleur

En 2016 Ôkhra est lauréat de l’Appel à projet lancé par l’État et la Caisse des Dépôts et consignations, de Pôle territorial de coopération économique. Le PTCE Couleurs & matières Luberon Provence, financé de 2006 à 2018 par l’État, la Région et le Conseil Général et la communauté de communes du Pays d’Apt-Luberon à vocation de structurer au niveau régional une filière de production de couleurs naturelles et durables. Une relocalisation de la production d’une gamme beaux-arts sur Roussillon a été réalisée, de même que la structuration d’une offre touristique « couleurs » avec 20 sites culturels et touristiques du Vaucluse par la création de « Provence Escapades ».